Avant l’arrivée inopinée de ce sacré virus, nous n’avions pas besoin de nous donner rendez-vous pour nous retrouver. Tout était simple. Chacun se rendait au GEM au moment qui lui convenait et en repartait quand il le souhaitait.
Mais ça, c’était avant ! Depuis mars 2020, fini le train-train quotidien. Envolé le confort de nos canapés, les thés et cafés que l’on distille au fil des heures, les volutes de fumées sur le balcon, les parties de rummikub, les jeux de questions, les recherches sur nos ordi, la musique qui s’écoule, les chansons à tue-tête... Disparus les ateliers art-plastiques avec Volkmar, « son et image » avec Léa. Interdits les délicieux goûters aux parfums sucrés, les saveurs mêlées des repas préparés en commun dans notre cuisine, les grandes tablées, les couverts rajoutés au dernier moment, les discussions qui s’éternisent… La convivialité n’a plus droit de citer.
A présent, pour se retrouver, on improvise, on s’adapte et on s’organise, parfois au dernier moment.
La météo, on vous le confirme, ce n’est pas une science exacte… On a beau regarder, s’informer, scruter le ciel, implorer les dieux. Rien n’y fait.
Pour peu que l’on décide, le matin, l’on ira marcher sur l’Aldilonda, l’après-midi même, le ciel qui était d’un bleu limpide s’obscurcit d’heure en heure. Et au moment du départ, de gros nuages gris, agrippés au col de Teghime menacent de fondre sur la ville.
Alors, notre plan B, c’est de se diriger vers le Port de Toga. On s’y sent plus protégé de l’air marin.
Une fois sur le port, on ne peut s’empêcher de rêver… Et pas juste des bateaux amarrés… En ce moment, ce sont plutôt tous ces immenses locaux inoccupés qui nous laissent rêveurs. Quel gâchis ! Un seul d’entre eux ferait un parfait petit port d’attache pour nous abriter pendant quelques temps. Qu’est-ce qu’on serait bien là. On regarderait les bateaux, en suçant des glaces à l’eau…
Il nous reste encore le droit de rêver après un an passé dehors. Pour l’instant, le ciel est le maître de notre destin. Il décide de ce que sera notre journée…
S’il est suffisamment clément, on se retrouve sur la place Saint-Nicolas. Toujours à la même heure et au même endroit, histoire de se faciliter un tant soit peu les choses. Les rituels sont importants pour ancrer de nouvelles petites habitudes.
Et les jours frileux, on reste chacun chez soi, bien confiné, à l’abri, et on fait des appels groupés. On discute à plusieurs. Et plutôt que de refaire le monde, on voudrait juste retrouver celui d’avant… Celui dans lequel nous étions tous ensemble dans notre petit nid douillet, des heures durant, assis les uns à côté des autres, sans masque, sans gel, sans virus… Ah, nostalgie, quand tu nous tiens !!!