L’autre jour, nous avons vécu une expérience d’un nouveau genre au Centre Culturel de l'Alb'Oru. Une vingtaine de personnes d'horizons divers se sont retrouvées là, sans vraiment savoir à quelle sauce elles seraient mangées. De la danseuse professionnelle aux élèves malvoyants ou malentendants accompagnés de leurs profs, d'étudiantes en STAPS, à notre petit groupe, en passant par tout un contingent de profs de danse, curieuses de découvrir ce stage atypique.
La raison : il permet d'intégrer des personnes à mobilité réduite... avec leur fauteuil pour danser. Pour accueillir tout ce petit monde, un trio composé du chorégraphe, et de deux danseurs. Et plus précisément d'une danseuse et d'un danseur en fauteuil justement.
Après une rapide présentation de la petite troupe et de chaque participant, on est entré dans la danse. Enfin, si on peut dire...
Eric Languet, le chorégraphe, a dit qu'il allait nous poser des problèmes. De prime abord, ça donne pas vraiment envie d'y aller, il faut bien l'avouer. Puis, petit à petit, on s'est laissé guider et on s'est drôlement bien débrouillé pour une première ! D'ailleurs, on a dansé pendant 3 heures sans s'en rendre compte. L'après-midi est passé comme un souffle. Et le lendemain, zéro courbature tant chacun a évolué en respectant son propre rythme.
Nous, comme on ne fait rien comme les autres, on était deux groupes. Les actifs, ceux qui ont dansé et les passifs, ceux qui ont regardé.
Les actifs, ceux qui devaient trouver des solutions aux fameux problèmes, exprimaient leurs émotions en mouvement.
Les passifs, assis en retrait, admiraient ce corps de ballet improbable et exprimaient leurs émotions en pleurant en silence, tant par moment, l'intensité était forte.
En fait, pour la petite troupe, venue tout spécialement de l'Ile de la Réunion, tout est prétexte à danser. Et les "problèmes" annoncés au départ, participent de tout cela. Vous voulez un exemple de problème ou disons de consigne ? Alors voilà, c'était du style : "Laissez-vous fondre dans le sol, sans faire de bruit..." Si au début, cela ne semblait pas si simple, petit à petit, chacun lâchait ses peurs et ses résistances. Et finalement, c'est vrai qu'il suffisait de se laisser aller pour accepter toutes les consignes comme autant de situations nouvelles à se mettre en mouvement. L'improvisation de chacun donnait un ensemble une dimension particulière. À chaque fois, on voyait se dessiner un nouveau tableau. Et celui-ci s'offrait à nos yeux éblouis par tant de créativité.
En fait, lors de ces chorégraphies, c'est un peu comme si chaque personne apprenait une nouvelle langue et qu'au au fur et à mesure de ce nouvel apprentissage et des interactions qui s'en suivaient, la communication se faisait plus fluide. Et à moment donné, comme par enchantement, un nouvel espéranto des corps faisait naître une histoire audible et compréhensible par tous.
Voilà ce que nous avons tous vécu, depuis notre place de danseurs ou de spectateurs. Et voilà ce que nous attendons tous de pouvoir revivre le plus vite possible ! On espère vous donner envie de nous rejoindre pour quelques pas de danse improvisés avec nous ! Pensez-y pour la prochaine édition…