Ainsi va la vie... Aussi insupportables qu'aient pu être la tuerie de Charlie Hebdo et celle de l'Hyper Cacher, nous devons continuer à avancer. Nous avons vécu ces évènements comme tout le monde. Abasourdis, anéantis, dans l'attente et l'angoisse.

Le problème, c'est que ces deux épisodes extrêmement douloureux ce sont surajoutés à notre mal de vivre. Depuis les attentats, notre état de stress, d'anxiété, d'angoisse s'est généralisé. Point de répit. Nous avons un mal fou à relativiser. Ce monde qui nous faisait déjà peur avant, nous terrifie davantage encore aujourd'hui. Et d'autant plus avec les événements de ce week-end à Copenhague.

Pourtant, dans tous ce chaos et ce malheur, et aussi incroyable que cela puisse paraître, quelque chose de formidable s'est produit en nous. Nous l'avons vécu. Nous l'avons ressenti. Nous l'avons partagé avec les autres. Tous les autres. Unis. Les uns à côté des autres.

L'immense élan de solidarité, vécu dans la fraternité, qui a débuté au soir même de l'assassinat des dessinateurs de Charlie Hedbo, nous a permis de ressentir à quel point, nous faisions partie intégrante de cette société. De cette république. De ce peuple tout entier, ou presque, qui voulait dire au monde et surtout aux terroristes que ses valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité seraient toujours plus fortes que toutes les armes réunies.

Ils ont voulu tuer la liberté d'expression. Jeter un voile noir sur le pays tout entier. Mais, il y en a un "mais" et il est de taille... Mais voilà, à cause de leur ignorance, ils ne pouvaient savoir qu'ils s'attaquaient aux pays Des Lumières. Et depuis des siècles Les Lumières éclairent le monde !...

Résultats : des morts pour rien ! Comme d'habitude dans les attentats, guerres et autres tueries gratuites.

Alors, pour les héritiers des Lumières que nous sommes, plus ou moins riches en patrimoines littéraire, culturel, sociétal, ou simplement inscrit sur "le registre de l'inconscient collectif", plus rien n'avait d'importance que de dire non à la barbarie, à la sauvagerie.

Réunis dans les rues, sur les places, la part d'humanité de chacun formait la plus infranchissable des forteresses. Le plus beau des étendards brandi aux yeux du monde ébahi. Et nous étions là. Parmi la foule. Comme les autres.

Seul comptait ce besoin de se lever, pour lancer dans un cri silencieux, notre révolte et notre besoin de vivre TOUS ensemble dans un pays libre. Libre de rire, libre d'écrire, libre de dire, libre de crier, libre de croire, ou pas, libre de partager, de se mélanger, de vivre en paix que l'on soit black, blanc, beur, catholiques, juifs ou musulmans, libre de dessiner à dessein l'intolérance, l'obscurantisme juste pour éclairer les consciences... Encore et toujours. Et plus que jamais !

Ce sentiment d'appartenance sans distinction aucune, est si rare, qu'il a nourri chez nous quelque chose de profond. Pourtant, la peine était bien présente. Mais elle était soutenue, pour une fois, par la force. Les deux mêlées l'une à l'autre. Cette force, c'est celle que l'on ressent quand on fait corps. Quand on se sent appartenir à quelque chose de plus grand que soit. Et ça, c'était le cadeau inattendu que nous avons reçu. Simplement parce qu'on s'est sentis comme les autres. Acceptés. Comme faisant partie à part entière de cette communauté qui sait encore être humaine, et éclairée. Une lueur d'espoir dans ce monde de brutes. Et ça, c'est réconfortant !