Cette année, c'est décidé, on se met au sport ! Enfin, on y va molo. C'est mauvais d'exagérer. Donc, on va commencer par se retrouver, samedi, pour marcher. Tranquillement. Il faut bien commencer par quelque chose ! Et, s'il fait beau, bien sûr. Donc, samedi, comme il faisait beau, on s'est donné rendez-vous à l'entrée du tout petit parc Luccianella de Furiani.

S'il est petit, ce parc a pour nous de nombreux avantages. Justement, le fait d'être petit, nous permet, même si on marche en petits groupes, de toujours se voir. Pas de risque de se perdre. Surtout si l'un de nous est un peu désorienté.

Et puis, le fait d'être petit est déjà nettement plus abordable en termes de performance. Comme ça, quand on fait un tour, on le voit. Et on se dit que c'est faisable. Qu'on peut même se lancer dans un deuxième. Voire un... non, il ne faut pas exagérer. On a dit tranquillement !

Ce jour-là, pour nous, ce petit lieu paisible et familial est devenu un véritable parc d'attractions. L'une d'entre nous, on taira son prénom, mais si vous nous suivez vous trouverez tout seul qui semble la plus énergique et intrépide. Donc, elle est arrivée, sourire aux lèvres et un gros sac à la main en disant qu'elle allait faire du roller. Elle chausse donc illico presto ses patins et se relève du banc sur lequel nous venions de nous poser. Juste à l'entrée, histoire de lire le petit panneau de présentation du parc. L'allée, bétonnée, y est légèrement en pente. L'idéal pour prendre un bon départ et se lancer. Sans protection, sans casque, toute légère, toujours le sourire aux lèvres. S'élancer depuis la petite descente, c'est certainement ce qu'auraient fait les gamins qui fréquentent les lieux. Mais pour notre amie, les choses furent un peu différentes. À peine debout, elle a glissé sur quelques centimètres et, dans un geste magnifique, dont elle seule à le secret, elle s'est envolée, aussi gracieusement que rapidement, pour retomber lourdement sur le sol. Aïe, aïe, aïe ! Comme elle était écroulée de rire, on l'a aidée à se relever. À peine debout, toute chancelante, elle est retombée, cette fois, dans l'herbe grasse et encore mouillée par la rosée matinale. De nouveau, les 4 fers en l'air. Cette fois, c'en était trop ! Un peu énervée contre ces fichus rollers, elle les a enlevés, jetés dans le sac en disant qu'elle allait s'en débarrasser au plus vite. En fait, vous savez quoi ? Elle n'en avait jamais fait ! Mais à voir les autres glisser à toute allure, elle pensait que c'était facile. Après tout, elle a raison, à regarder les autres, on a vraiment l'impression que ça roule tout seul. Et c'est bien le problème. Car, en effet, elle nous en a fait la démonstration, ça roule tout seul. Et elle aussi...

Après cet épisode, nous avons décidé de rester sagement sur le plancher des vaches et de marcher. On a fait le tour, comme prévu, à notre rythme, sans nous affoler. Mais c'était sans compter sur le dynamisme de notre amie qui à peine remise de ses émotions, a décrété qu'on était lents et qu'elle avait besoin de se défouler. Alors, elle est partie en petites foulées. Un sportif, casque sur les oreilles et montre au poignet pour mesurer sa progression et sa performance, nous avait doublé plusieurs fois. Elle s'est élancée sur ses pas. Depuis notre banc, on la suivait des yeux. Parfois, on la perdait un peu, parce qu'elle avait décidé de changer de sens. D'emprunter un autre chemin. Un coup à droite, un coup à gauche. Nous, rien que de la regarder courir, ça nous a fatigués. Pendant son parcours, on s'est déplacés d'un banc à un autre. Quand nous sommes arrivés sur le banc près de l'entrée, on s'est posés en se disant qu'elle comprendrait le message... On commençait à avoir sérieusement faim. Elle nous a fait signe pour nous dire qu'elle faisait un dernier tour. Pendant qu'on discutait toujours tranquillement, on l'a enfin vue s'approcher. Ouf ! Les derniers mètres. Et là, allez savoir ce qui s'est passé dans sa tête, au lieu de ralentir et de souffler, la machine s'est emballée. Elle s'est mise à accélérer, à allonger sa foulée, à courir comme une dératée. Elle est devenue toute rouge et a fini sa course, devinez où, dans l'herbe grasse dont le soleil de septembre avait aidé les dernières gouttes de rosée à s'évaporer. Une maman charitable, accompagnée son petit garçon, s'est précipitée pour lui demander comment elle allait. Mais complètement asphyxiée, elle ne pouvait pas répondre. On s'est approché. On l'a réconfortée. On a attendu qu'elle recouvre ses esprits, et qu'elle reprenne une respiration plus calme. Puis, elle est restée un moment assise, le temps de se remettre les idées en place. Et finalement, elle s'est relevée. Quand le doute était levé sur d'éventuelles blessures, évidemment, on a voulu savoir ce qui lui avait pris d'accélérer comme ça, au moment où il aurait fallu ralentir. Sur le coup, elle n'avait pas d'explication claire. Alors, on lui a raconté ce qu'on avait vu : c'était un peu comme un dessin animé dans lequel le célèbre Bip-Bip dépasse tout le monde. On a bien ri parce qu'elle même voyait les images et le comique de la scène. Tout est bien qui fini bien. Après ça, on est allé déjeuner tous ensemble le bon repas préparé la veille. Parce que le sport et les émotions, ça creuse doublement !