Bien que l’on soit des inconditionnels de Bastia, il faut avouer qu’en plein été, s’échapper de la fournaise urbaine a du bon. Après avoir avalé quelques kilomètres d’asphalte rectiligne et brûlant où dansaient des mirages de chaleur, nous enlaçons les montagnes en suivant ses lacets. Tortueux, ceux-ci nous ont tout de même menés directement aux portes du « Jardin d’Antoine ».

Notre petite escapade, la première depuis bien longtemps, nous l’avions réservée à ce lieu que nous affectionnons particulièrement. Nous l’évoquons régulièrement pendant l’année, si bien que nous sommes toujours ravis d’y retourner et de le faire découvrir à nos amis. Tout comme nous sommes curieux de voir les nouveautés.

En effet, chaque année, les propriétaires de cet établissement profitent des longs mois de fermeture pour y faire des aménagements. Confinements ou pas, ils ont toujours eu à cœur de rendre plus confortable ce petit coin de fraicheur estivale pour le plus grand bonheur des clients attitrés ou de passage. Une fois de plus, c’est réussi. L’endroit est encore plus accueillant avec de nouveaux espaces à investir.

Ces retrouvailles avec la nature, à l’ombre des grands arbres au pied d’une rivière, avaient tout pour nous combler de joie. Pourtant, notre émerveillement fut de courte durée. Juste le temps de descendre jusqu’à la rivière… Et soudain, une ombre obscurcit le tableau. Le genre d’alerte qui annonce une catastrophe imminente. De quoi être très inquiets pour l’avenir de tous.

Ce lieu, qui invite normalement à la rêverie, au calme, au lâcher prise, s’est transformé en un lieu de tourments. Où est donc passée l’eau ? Certes, pour l’instant, elle coule toujours. Mais la rivière a laissé place à un petit ruisseau. Et son lit est envahi de hautes herbes fines, d’un joli vert tendre, qui nous laisse espérer que pour l’heure, l’eau soit souterraine.

Depuis des années, on entend parler de restrictions. Mais on les pensait réservées à la Balagne, micro-région beaucoup plus aride. Là-bas, le vent n’a de cesse de chasser les nuages, ne leur laissant pas le temps de se délester de cette indispensable pluie qui amène la vie sur Terre. Ce jour-là, on a pu constater l’ampleur des dégâts de nos propres yeux et prendre conscience des dangers qui planent sur notre île.

Hélas, les effets du réchauffement climatique se font bel et bien sentir, ici comme ailleurs. Après les crues dévastatrices, des enrochements avaient été faits pour protéger l’établissement. Aujourd’hui, c’est la sècheresse qui menace… Le constat est alarmant. Pas facile de profiter comme si de rien n’était. Malgré tout, nous avons passé un bon moment au frais et nous espérons pouvoir y retourner au moins une fois dans l’été. Pour soutenir ces valeureux restaurateurs, surveiller l’état des lieux et nous régénérer au cœur de cette Nature dont nous faisons partie.