Cet été, les cafés et restaurants de la place du marché ont décidé de mener de concert des actions sponsorisées. Chaque mercredi soir, c’est apéro géant et musical avec chapeaux et lunettes orange en plus du petit dépliant vantant une marque de boissons. Les tables se côtoient autour d’une scène unique pour réunir tout le monde. 

Comme nous avions manqué la première édition, il était hors de question, cette fois-ci, qu’on rate l’événement faute de place. A 19 heures tapantes, nous étions donc tous là ! Grand bien nous a pris. Presque toutes les tables étaient vides mais le petit carton de réservation ne laissait aucune chance aux amateurs ni même aux touristes de passage. Ce serait une soirée bastiaise, basta !

On a fini par en dégoter une de libre, juste en face de la scène. Quelle aubaine pour nous qui tenions tant à participer à l’effort commun ! Evidemment, notre apéro « spécial GEM » sera sans alcool, mais pas de quoi nous décourager. On a l’habitude. C’est vrai que les nouveaux ont toujours un peu de mal à avaler la pilule. Mais à force, on s’y fait. Ou on fait comme si… C’est vrai aussi que c’est difficile pour certains tant l’alcool est synonyme de convivialité. Pourquoi aller prendre l’apéro si on ne peut pas boire ? Et bien, si on veut partager un moment tous ensemble, il faut bien se plier aux règles qui sont les nôtres. Aussi strictes soient-elles. Et puis, chacun sait que le mélange alcool-médocs peut vraiment s’avérer être un cocktail détonnant.

Quant aux serveurs, captant quelques bribes de conversations d’une tablée aussi sobre, ils doivent certainement nous prendre pour les « Alcooliques Anonymes ». Pas grave puisqu’il y en a parmi nous qui sont passés par cette case-là.
Petit à petit, les tables ont commencé à se remplir. Lorsque les musiciens sont enfin arrivés, la place était noire de monde et tout était complet. Bien que nous ayons été aux premières loges, que nous ayons bu nos sirops et sodas, que nous ayons ri et fait des tas de selfies avec nos chapeaux et lunettes, ce début de soirée ne nous a pas convenus. Malgré le talent du chanteur, connu et apprécié de tous, pour nous, le niveau sonore était trop fort. Nous qui adorons papoter, on ne s’entendait pas. Tant et si bien, qu’on a fini par laisser notre place à ceux qui n’en espéraient plus. Contents d’avoir fait des heureux, nous sommes partis à la recherche d’un petit coin au calme et au frais où se restaurer. C’est tout naturellement chez « Pizza Niulinca » notre pizzeria préférée, à deux pas du GEM que nous nous sommes installés.

Bien sûr, comme toujours, c’était très bon. Pourtant, nous avions comme un petit goût amer… L’un d’entre nous, en proie à des tourments aussi sombres qu’insondables, que l’on n’a jamais réussi à apaiser un tant soit peu, a fini par mettre tout le monde à l’envers. La vie d’un GEM et de ses membres n’est pas un long fleuve tranquille, soit. Mais là, on a franchement atteint nos limites. On avait le sentiment d’être tous à la rue… Alors, on a préféré se quitter en se promettant de ne plus se laisser embarquer de la sorte dans une aventure aussi négative. Nous, ce que l’on recherche en étant ensemble, c’est justement la force d’aller mieux et pas celle de sombrer. Pourtant, là, on est face à un défi qu’on n’est pas sûr de pouvoir relever car tout ne nous appartient pas. L’avenir nous dira si on a bien fait ou pas de se lancer vers l’inconnu…